On sait enfin pourquoi Microsoft a dépensé autant pour LinkedIn : officieusement ce serait pour rallier Reid Hoffman, co-fondateur du réseau… et parfaire sa notoriété.
Décembre 2016, Microsoft devenait officiellement propriétaire du réseau social pour les professionnels, LinkedIn. Pour cette acquisition, l’éditeur a versé 26,2 milliards de dollars : l’acquisition la plus chère de son histoire. Reste à savoir pourquoi une telle dépense.
Le 14 mars dernier, le cofondateur de LinkedIn, Reid Hoffman, annonçait dans une note qu’il rejoignait le conseil d’administration de Microsoft. Il explique que son arrivée au sein de Microsoft est le résultat de discussions avec Jeff Weiner, DG de LinkedIn, Satya Nadella, DG de Microsoft, et Bill Gates, cofondateur de Microsoft, sur la façon dont il pourrait rester impliqué après le rachat définitivement conclu en décembre 2016. Ainsi, Reid Hoffman continuera de soutenir le développement de LinkedIn et « contribuera plus largement à celui de Microsoft au fur et à mesure que la marque renforce sa présence dans la Silicon Valley et continue d’intégrer dans ses produits du social, de l’intelligence artificielle et d’autres technologies ».
Une décision qui a son importance pour Microsoft. Pour rappel, quand Satya Nadella a été promu directeur général en février 2014, la firme était dans une très mauvaise posture. Six mois plus tôt, l’entreprise affichait une perte trimestrielle lourde. Juste avant son départ, Steve Ballmer ancien CEO de Microsoft (élu ‘pire CEO d’une entreprise américaine cotée’ par Forbes), avait signé un deal entre Microsoft et Nokia. Une erreur de taille et très coûteuse. Aussi, Satya Nadella, dès qu’il fut nommé a réduit la division téléphones mobiles de son entreprise, annulant la quasi-totalité des 7,9 milliards de dollars que Microsoft avait payés pour la téléphonie de Nokia. Microsoft était alors au bord du déclin : il y a plus de dix ans, presque toutes les entreprises possédaient des PC et exploitaient Windows. La société de Redmond a eu la mauvaise idée de se reposer sur ses lauriers et n’a pas su anticiper ni faire de nouveaux investissements. Microsoft a cessé d’être considérée avec respect pour sa capacité à innover. Peter Thiel, cofondateur de Paypal, a même déclaré que Microsoft était « un pari contre l’innovation technologique… ».
2015, Satya Nadella annonce aux salariés de Microsoft la suppression de 7 800 emplois et pour mieux faire passer la pilule, il cite Friedrich Nietzsche les appelant à « faire preuve de courage face à la réalité ». Des changements et décisions qui ont porté leurs fruits. 2015, le groupe dégageait un bénéfice net de 4,6 milliards de dollars lors du dernier trimestre. Microsoft peut également se vanter d’une progression de 8% à 5,9 milliards de dollars de son chiffre d’affaires avec le cloud Azure, regroupant ses activités dans les serveurs et ses services dématérialisés en ligne pour les entreprises. Bing, est cinquième parmi les moteurs de recherche ; son outil de team messaging se pose en concurrent de Slack. Entre-temps, Microsoft consacre 35 milliards de dollars à la R & D pour des projets ambitieux tels qu’HoloLens.
Manque néanmoins un aspect, pour briller dans la Silicon Valley : une entreprise se doit d’être cool et d’avoir une certaine réputation. Faire entrer Reid Hoffman au conseil d’administration de Microsoft, en ce sens, est une brillante idée. Reid Hoffman a fondé Socialnet.com, en 1997, tandis que Mark Zuckerberg était encore au collège. Il a été l’un des premiers investisseurs ayant parié sur Facebook avant que Mark Zuckerberg ne quitte Harvard. Ancien d’Apple et ex-président de Paypal, il a cofondé LinkedIn alors que tout le monde lui disait que c’était un suicide professionnel. LinkedIn compte désormais plus de 400 millions de membres. En 2010, Hoffman a rejoint la société de capital-risque Greylock qui a investi dans Groupon, Dropbox, Pandora, Tumblr, Shopkick et Airbnb. Il y est observateur du conseil d’administration. La liste de ses sièges de conseiller à but lucratif et à but non lucratif est longue…
Reid Hoffman incarne l’essence même de la Silicon Valley. En contact avec les plus grands du numérique, il sait toujours comment et où se placer. L’ancien directeur technique de Facebook, Bret Taylor, dit de lui : « Il a passé tellement de temps à juste être un gars sympa, qu’il me fait penser que je devrais être comme lui. »
Reid Hoffman et Satya Nadella se sont rencontrés peu de temps après que ce dernier ait été nommé PDG de Microsoft. « Il m’a épaulé en tant qu’expert de la Silicon Valley, et je l’épaulais comme le chef de cette société de technologie massive qui avait un impact énorme sur la façon dont les entreprises et les organisations travaillaient », souligne Satya Nadella. Reid Hoffman aurait d’ailleurs été impressionné par le travail de Satya Nadella chez Microsoft.
En tant que membre du conseil, Reid Hoffman sera l’ambassadeur de Microsoft dans la Valley. L’importance de la réputation d’une entreprise de cette taille ne peut être sous-estimée, comme en témoignent les récentes débâcles d’Uber. Même si une entreprise a une base solide, la façon dont les gens la perçoivent a un fort impact sur sa réussite. Et quand Reid Hoffman appellera un entrepreneur ou un ingénieur pour le compte de Microsoft, vous pouvez parier que cela aura son petit effet…
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