Le géant coréen prépare en secret depuis le début des années 2010 son assistant vocal, disponible aux USA ce mercredi, en misant sur des jeunes pousses spécialistes de la reconnaissance vocale.
Samsung a-t-il déjà perdu la course à la reconnaissance vocale ? Le groupe coréen ne sort que ce mercredi la version vocale de son assistant intelligent Bixby aux Etats-Unis, sur ses smartphones Galaxy S8 et S8+. Cela fait près de trois ans qu’Amazon est présent sur ce marché avec son IA Alexa, dont l’usage est déjà bien ancré chez les propriétaires de ses enceintes connectées Amazon Echo.
« De 2011 à 2016, Samsung a pris des parts dans sept sociétés, dont quatre spécialistes de la reconnaissance vocale, selon CB Insigths »
Mais les apparences sont trompeuses : Samsung est loin d’être un débutant dans ce secteur, où il vaut mieux être coureur de fonds que sprinteur pour remporter la partie. La firme a intégré dès 2012 l’application S Voice à ses smartphones. Cet assistant intelligent ressemble comme deux gouttes d’eau à Siri, l’IA vocale qu’Apple a incorporé à ses iPhone à partir de 2011. Capable de comprendre les demandes orales de ses utilisateurs, il leur permet de consulter leurs mails, d’envoyer des SMS, d’avoir accès à la météo… Depuis 2012, Samsung travaille à l’amélioration de son système. Des efforts qui ont abouti à la présentation en mars 2017 de Bixby, dont les applications de commande vocale n’étaient disponibles jusqu’à maintenant qu’en coréen.
Pour distancer ses concurrents, le groupe a mis la main en octobre 2016 sur Viv, la start-up fondée en 2012 par Adam Cheyer, Chris Brigham et Dag Kittlaus, les trois créateurs de Siri. Le géant du smartphone a ainsi pu intégrer à Bixby la plateforme de reconnaissance vocale développée par ces cracks de la reconnaissance du langage naturel (également appelée NLP, une branche de l’intelligence artificielle). Il s’est également attaché les services de trois virtuoses de la discipline, dont les profils peuvent potentiellement attirer des étudiants de talent dans ses équipes de recherche. Adam Cheyer a été nommé dès octobre 2016 vice-président de la R&D de la multinationale.
« En rachetant Viv, Samsung s’est attaché les services de trois virtuoses de la reconnaissance vocale, co-créateurs de… Siri »
Ce rachat n’est pas le fruit du hasard : depuis le début des années 2010, Samsung scrute de près le marché de l’IA pour repérer des start-up prometteuses. Selon le cabinet CB Insights, Samsung serait le quatrième plus gros investisseur corporate du secteur de l’IA entre janvier 2011 et juin 2016. Sa branche dédiée à l’investissement, Samsung Venture, aurait pris des parts pendant cette période dans sept sociétés, dont quatre spécialistes de la reconnaissance vocale (Samsung ne dévoile jamais le montant de ses investissements).
La compagnie s’est concentrée sur les spécialistes de la compréhension du langage naturel. Trois lui ont particulièrement tapé dans l’œil : en février 2012 elle prend des parts dans la société canadienne Maluuba, en avril 2013 c’est au tour de l’américaine Mindmelt, qui a développé une plateforme capable de comprendre une conversation en temps réel, puis d’Idibon (USA) en octobre 2014. La firme a également misé sur Automated Insights (USA) en juin 2014. Cette dernière est spécialisée dans l’émission du langage naturel, également indispensable au développement de son assistant intelligent Bixby.
« Le Coréen a annoncé le 17 juillet le rachat d’Innoetics, qui a conçu une solution de synthèse vocale »
Toutes ces start-up ont un point commun. Leurs solutions IA sont suffisamment légères pour être intégrées à des objets connectés de petite taille, que ce soient des smartphones ou des appareils domotiques. Logique, car Samsung est avant tout un fabricant de matériel électronique. Il veut intégrer son assistant IA Bixby au sein de son matériel pour le valoriser. Ce focus hardware est un avantage pour le groupe. Samsung était au quatrième trimestre 2016 le deuxième constructeur mondial à avoir écoulé le plus de téléphones dans le monde, juste derrière Apple. En intégrant Bixby à ses smartphones, le Coréen pourrait faire décoller l’adoption de son système IA plus vite que ses concurrents Amazon et Google, qui ne sont pas historiquement des fabricants de hardware.
Mais cette course de longue haleine est loin d’être terminée, car les assistants intelligents ont encore des progrès à faire pour comprendre parfaitement les hommes. Samsung continue donc ses emplettes. Il a annoncé le 17 juillet le rachat de la start-up grecque Innoetics, qui a conçu une solution de reconnaissance et de synthèse vocale. Selon Techcrunch, il aurait investi un peu moins de 50 millions de dollars pour cette acquisition.
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