Cette spin-off de l’Inria planche sur une place de marché qui permettrait à tout un chacun de commercialiser de la ressource informatique.
Imaginez une place de marché de la ressource informatique. Une marketplace qui permette de commercialiser de la puissance machine inutilisée où qu’elle se trouve. C’est le concept que met en avant iEx.ec, une spin-off lyonnaise de l’Inria créée fin 2016. Pour l’heure, la société a développé une première plateforme pour prouver le bien-fondé de son modèle technologique. Et elle vient de boucler une levée de fonds de 12,5 millions de dollars réalisée en coins (ou cryptomonnaie) pour financer une deuxième phase de R&D. Objectif : aboutir à un lancement commercial en novembre prochain.
La blockchain au coeur du projet
« Le but n’est pas de concurrencer AWS, du moins dans un premier temps. Nous allons d’abord positionner notre plateforme au service des applications blockchain. C’est un créneau où nous avons identifié un besoin qui n’est pas adressé par les grands clouds », explique Gilles Fedak, chercheur à l’Inria et fondateur d’iEx.ec. « Les réseaux actuels de blockchain se contentent de gérer des transactions. Ils n’ont à leur disposition que peu de ressources informatiques. Pourtant, ils gagneraient à pouvoir faire appel à de la puissance machine ‘off-chain’ pour réaliser des traitements. Par exemple dans l’optique de crypter les échanges ou analyser les flux financiers qu’ils orchestrent, ou encore ajouter de l’intelligence dans les jeux d’argent qu’ils mettent en musique. »
« En mettant en concurrence des fournisseurs vendant de la surcapacité informatique, nous devrions pouvoir tirer les prix des ressources de calcul vers le bas »
Mais iEx.ec espère bien pouvoir élargir dans un deuxième temps son positionnement. « En mettant en concurrence des fournisseurs vendant de la surcapacité informatique, nous devrions pouvoir tirer les prix des ressources de calcul vers le bas. Si nous parvenons à ce résultat, notre place de marché devrait alors s’ouvrir mécaniquement à des segments du cloud plus généralistes, dans le big data ou le IaaS orienté applicatifs métier », souligne Gilles Fedak.
La blockchain se situe aussi au cœur de la plateforme d’iEx.ec. « Le protocole ethereum, via ses smart contracts, nous permet de programmer la logique commerciale de la place de marché : les conditions d’accès aux applications et jeux de données qui y seront distribués, mais également aux ressources de calcul qui permettront d’exécuter le tout », détaille Gilles Fedak. Comme tout système de blockchain, les échanges seront basés sur une monnaie virtuelle, sous forme de token (ou jetons). En toile de fond, une technologie de calcul distribuée, sur le principe du fog computing, pilotera l’exécution des traitements et le transfert des données sur les serveurs mis à disposition. « Cette brique de grille de calcul est directement issue de mes recherches à l’Inria », précise Gilles Fedak.
Un modèle freemium
D’autres scientifiques experts des grilles de calcul ont accompagné Gilles Fedak dans l’aventure entrepreneuriale. C’est notamment le cas d’un chercheur chinois, Haiwu He. Professeur à l’Académie des sciences de Chine et rattaché à la prestigieuse université de Tsinghua (le MIT chinois), il a pris la présidence de la start-up. « Nous travaillons depuis 10 ans ensemble. Haiwu He nous permet d’avoir un pied en Chine où le marché du bitcoin est très important », pointe Gilles Fedak.
En termes de modèle économique, iEx.ec compte privilégier un modèle freemium. Avec en parallèle d’un accès 100% gratuit à sa marketplace une offre premium (payante) ouvrant droit à des fonctions plus avancées. Pour doter sa place de marché d’un premier pool de fournisseurs, la jeune pousse a commencé à signer des alliances. C’est le cas par exemple avec le spécialiste du cloud mining Genesis Mining (qui entend faire appel à iEx.ec pour commercialiser les ressources inutilisées de sa ferme de calcul), ou encore avec Stignergy, un spécialiste des chaudières connectées.
Le choix d’iEx.ec de réaliser sa levée de fonds en coins n’est pas un hasard. L’opération (qualifiée d’Initial Coin Offering dans le jargon du milieu) a en effet permis à la start-up d’émettre les tokens qui seront utilisés comme monnaie d’échange sur sa future place de marché. iEx.ec en a émis 10 000. Ils ont été acquis par des investisseurs pariant sur le succès du projet. Mais pour la start-up, l’ICO est également un vecteur marketing permettant de se faire connaitre. En une semaine, la valeur du token d’iEx.ec a progressé de 100%.
Article à lire sur http://www.journaldunet.com/solutions/cloud-computing/1194309-iex-ec-cette-start-up-francaise-qui-veut-uberiser-les-clouds
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