La Silicon Valley, coeur de l’innovation mondiale, a trouvé son ventricule gauche : la Silicon Beach. À l’instar de Snapchat, de nombreuses start-up comme Tinder ou encore Whisper, ont élu domicile sous le soleil de Los Angeles. Une attractivité qui devrait être renforcée par l’entrée en bourse de l’application au fantôme jaune.
La cité des Anges est historiquement la destination des acteurs en quête du rêve hollywoodien, maintenant elle attire aussi les start-up. De Venice Beach à West Hollywood en passant par Marina Del Ray et Culver City, la Silicon Beach n’en finit pas de tisser sa toile. C’est là que Snapchat a ouvert ses premiers bureaux en 2012, face à la mer, sur la promenade de Venice Beach.
À l’aube de son entrée en bourse, l’entreprise de vidéo cumule près de 20 000 m2 de locaux entre Venice Beach et l’aéroport de Santa Monica. Une hégémonie spatiale qui participe au rayonnement mondial de la Silicon Beach. Troisième écosystème de la Tech mondiale, derrière New York et l’incontournable Silicon Valley, Los Angeles s’impose – avec ses 1000 entreprises innovantes, 44 incubateurs et 29 acce?le?rateurs – comme une sérieuse alternative à la flambée des prix de San Francisco.
DES INGÉNIEURS ET DES LOYERS BON MARCHÉ
« Los Angeles est la ville qui diplôme le plus grand nombre d’ingénieurs aux USA », indique Laurent Ruben, fondateur et directeur général de French Accelerator. Pour 8 400 ingénieurs diplômés, par an, à San Francisco et 7 200 à New York, on en compte 11 400 à Los Angeles. La plupart sortent de l’UCLA (University of California, Los Angeles) ou de Caltech (California Institute of Technology). Ces ingénieurs compétents et abordables sont une aubaine pour les start-up.
« C’est une ville hyper florissante, poursuit Laurent Ruben. Une des raisons à cela : la qualité de vie sans pareil. « Comparé à San Francisco, les coûts des salaires et des loyers sont divisés par trois », affirme l’entrepreneur. Sans parler du cadre de vie idyllique avec 320 jours de soleil par an. Michael Schneider, CEO de Service, une start-up de la relation client estime qu’il aurait eu besoin de « lever au moins 40 % de fonds en plus », s’il avait choisi de s’installer à San Francisco plutôt qu’à Los Angeles.
DES INVESTISSEMENTS EN HAUSSE
La Silicon Beach est également un terrain propice aux investisseurs. « Les boîtes de MNA ont pignon sur rue. En quatre ans, les investissements ont été multipliés par 15. De 300 millions en 2012 à 4 milliards et demi en 2016 », rapporte Laurent Ruben.
Les firmes telles que Facebook, Google ou encore Yahoo n’ont pas attendu l’IPO de Snapchat pour s’implanter dans la Silicon Beach. « Facebook emploie 2000 personnes à Los Angeles et Google près de 2500 », mentionne Laurent Ruben qui affirme que le géant de Mountain View « a investi dans cinq campus de la ville ».
UNE PLACE POUR DEUX
Avec une valorisation gourmande autour de 20 milliards de dollars, Snap signe l’IPO la plus importante de la Tech depuis Facebook (81,2 milliards de dollars), en 2012. Cette mise en lumière indirecte de la Silicon Beach va-t-elle, pour autant, détrôner la Silicon Valley ? Laurent Ruben n’y croit pas. En tout cas, pas dans les cinq années à venir. « Il y a 800 000 start-up dans le monde dont 20 % dans la Silicon Valley. Los Angeles est loin des 120 00 start-up présentes dans la baie de San Francisco ».