Après plusieurs polémiques et six mois de silence, le créateur de l’Oculus Rift quitte Facebook. Son départ d’Oculus, l’entreprise qu’il a cofondée et vendue à Facebook en 2014, marque un tournant pour la jeune industrie de la réalité virtuelle. Retour sur la carrière de ce jeune prodige et sur les événements qui ont précipité sa chute.
Palmer Luckey, le créateur de l’Oculus Rift, quittera ce vendredi 31 mars 2017 l’entreprise qu’il a cofondée en 2012. Sa démission, dont les circonstances n’ont pas été divulguées, survient après une période de retrait médiatique de six mois pour celui qui fut pendant longtemps la mascotte de toute l’industrie de la réalité virtuelle. Elle se déroule aussi presqu’un an jour pour jour après la sortie de la version commerciale de l’Oculus Rift.
Dans un communiqué transmis au site spécialisé Upload, l’entreprise a déclaré : « Palmer nous manquera vraiment. Son héritage s’étend bien au-delà d’Oculus. Son esprit inventif a aidé à démarrer la révolution VR moderne et à construire cette industrie. Nous le remercions pour tout ce qu’il a fait pour Oculus et pour la réalité virtuelle, et nous lui souhaitons le meilleur pour la suite ».
L’ARCHÉTYPE DE « L’INVENTEUR DANS SON GARAGE »
Palmer Luckey a longtemps été considéré comme le héraut du renouveau de la réalité virtuelle. Il faut dire que son histoire, celle d’un garçon un peu reclus qui a fait (re)naître une industrie en bricolant dans la caravane de ses parents, avait tout pour plaire. La vérité est certes un peu plus complexe (ce renouveau n’a été possible que grâce aux progrès technologiques nés des smartphones, et il n’était pas le seul à travailler sur ces sujets), mais il est indéniable que son invention et l’entreprise qui en a découlé ont été l’étincelle originelle de l’explosion actuelle du marché. Il a notamment su attirer l’attention de pointures du secteur du jeu vidéo (en particulier John Carmack) et a mené à bien une campagne Kickstarter record de 2,4 millions de dollars.
UNE VENTE À FACEBOOK NÉCESSAIRE MAIS VÉCUE PAR CERTAINS COMME UNE TRAHISON
Le rachat d’Oculus par Facebook en 2014 (pour 2 milliards de dollars), bien que critiqué par certains fans de la première heure (récalcitrant à l’idée de confier ce nouveau média à un géant technologique), a également marqué le départ d’une course technologique qui se poursuit encore à l’heure actuelle. Oculus a pu redoubler de moyens et d’ambitions, et d’autres grands acteurs (Valve, Sony, HTC, Samsung, Google, Microsoft) ont rapidement suivi.
DE MULTIPLES MALADRESSES DANS LA COMMUNICATION
Mais cette acquisition a d’une certaine manière aussi été le début d’un lent déclin pour Luckey, dont le rôle au sein d’Oculus (avec pour seul titre « Founder ») n’était pas particulièrement clair. Il a poursuivi son rôle d’évangéliste auprès de la communauté, mais s’est retrouvé au coeur de plusieurs polémiques, entre autres sur le prix du Rift au lancement (700 euros, soit deux fois plus que ce qu’il avait laissé entendre par le passé) et sur le degré d’ouverture de l’écosystème Oculus aux produits concurrents. Les déboires d’Oculus se sont poursuivis pendant plusieurs mois avec un défaut dans la chaîne d’approvisionnement qui a sévèrement limité les stocks du Rift alors qu’il avait pourtant besoin de s’affirmer face à la concurrence.
Le coup final est survenu le 22 septembre 2016 avec la publication par The Daily Beast d’informations révélant l’affiliation de Luckey avec un groupe cherchant à mettre en place des campagnes publicitaires anti-Clinton utilisant les codes d’Internet. Il aurait financé l’initiative à hauteur de 10 000 dollars, une somme bénigne pour un presque-milliardaire mais qui a suffit à l’aliéner encore un peu plus avec la communauté VR. Il s’était retiré de la vie médiatique suite à ces révélations, son dernier message étant une lettre d’excuse publiée sur Facebook. Sa seule apparition publique depuis a eu lieu lors du procès opposant Facebook à Zenimax, au cours duquel il a plusieurs fois témoigné.
A l’heure où nous publions cet article, Palmer Luckey n’a pas encore réagi à l’annonce, et ses futurs projets (il n’a que 24 ans) ne sont pas connus. Reste qu’une page se tourne pour l’industrie de la réalité virtuelle avec son départ d’Oculus.
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